Article par François Carré,
Cardiologue, médecin du sport au CHU de Rennes et professeur Émérite à la Faculté de Médecine de Rennes et membre de INSERM.
Nous avons oublié que notre santé dépend surtout du soin que nous lui apportons. Nous sommes face à un tsunami sociétal d’inactivité physique et de sédentarité. Selon l’organisation mondiale de la santé, si rien ne change d’ici 2030 nous aurons 500 millions de malades chroniques en plus, qui va les prendre en charge et qui va payer ?
Sédentarité et inactivité physique qui ne sont pas synonymes sont des facteurs de risque sanitaires indépendants. On est inactif si on ne respecte pas chaque jour la quantité minimale (adultes 30 min./j, enfants-adolescents 60 min./j) d’activité physique (AP) au moins modérée (avec un discret essoufflement qui ne limite pas la conversation) recommandée. Insistons sur le fait que l’activité physique ne veut pas dire sport, lequel n’est qu’une des nombreuses formes d’activité physique. La sédentarité représentée par le temps passé assis devient dangereuse pour la santé au-delà d’une moyenne de 7h/j avec un risque majoré en cas de positions assises répétées de plus de 2heures sans interruption.
Il est formellement prouvé que ce choix de mode de vie majore de 20 à 30% le risque de développer une maladie chronique (surpoids/obésité, diabète type 2, cancers, accident cardiovasculaire, dépression, perte d’autonomie, …) et si on est malade aggrave la maladie et sa mortalité. A l’inverse diminuer son temps de sédentarité et bouger plus diminue le risque d’être malade et augmente la qualité de vie et l’espérance de vie en bonne santé. Pour exemple il est prouvé que dans le cadre du cancer du sein ce mode de vie diminue de 20% le risque d’en être atteint, associée aux traitements classiques une AP adaptée diminue la mortalité de 35% et le risque de récidive de 35 à 40%.
Les mécanismes en cause sont bien connus. Notre capital génétique est quasiment identique (différence de 2%) à celui de notre lointain ancêtre Homo Sapiens qui avait surdéveloppé la capacité de stocker les graisses pour survivre aux périodes de famine et ses qualités d’endurance pour pourchasser les animaux jusqu’à leur épuisement. Aujourd’hui notre mode de vie sur-stimule les gènes de stockage des graisses avec l’épidémie de surpoids et obésité qui en découle mais ne stimule plus nos gènes de l’endurance. Ainsi inactivité physique et sédentarité augmentent les niveaux d’inflammation et de stress oxydant et diminuent l’efficacité du système immunitaire. Ces altérations font le lit de toutes les maladies chroniques et aggravent leurs évolutions.
A l’inverse se lever plus et bouger plus diminuent inflammation et stress oxydant et boostent l’efficacité du système immunitaire. Ainsi nous sommes génétiquement programmés pour bouger, il n’y a pas d’autre issue !
L’état des lieux sanitaire de nos sociétés est très alarmant. Selon l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) plus de 95 % des adultes français ne sont pas assez actifs et/ou trop sédentaires et 49% des jeunes de 11 à17 ans présentent un risque sanitaire très élevé en pratiquant moins de 20 min/j d’AP et plus de 4h30/j de temps d’écran (recommandation ≤ 2 h/j). Ces observations sont confirmées par la baisse majeure (-25% en 40 ans) du niveau de capacité physique (reflet du capital santé) des collégiens qui développent de plus en plus de maladies de l’adulte de plus 45 ans comme l’obésité (17%), le diabète de type 2, la dépression avec un risque élevé de survenue d’infarctus du myocarde avant 30 ans. Alors qu’il est prouvé que les jeunes actifs et moins sédentaires en plus des bénéfices sanitaires, rapportent une meilleure qualité de vie avec une meilleure insertion sociale et ont de meilleurs résultats scolaires.
Donc ne perdons plus de temps, pour notre qualité de vie levons nous et bougeons plus, tous partout chaque jour !
Article par François Carré.
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