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Vertige du métavers : entre équilibre et déséquilibre de l’être par Robert Néal 

Vertige du métavers : entre équilibre et déséquilibre de l’être par Robert Néal 

21/10/2022
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Robert Néal 

Neal Robert est le fondateur et le directeur des opérations de bem.builders. Depuis début 2021, bem.builders se pose en pionnier dans la construction de ponts entre ses clients et le métavers pour créer des projets architecturaux et artistiques. Neal est spécialisé dans le développement d’entreprises en développant et en exécutant des expériences tactiques conçues pour les spécificités du métavers. De 2013 à 2021, Neal Robert a été le fondateur et le directeur des opérations de Synapse Original. Avec plus de 8 ans de croissance, Synapse Original a été l’une des plus dynamiques agences de publicité de Birmanie. L’agence a travaillé avec des marques de rang international telles que Heineken, Samsung, NIVEA, Unilever, KFC, L’Oréal et Mercedes.

Le vertige du métavers : entre équilibre et déséquilibre de l’être.

Le métavers prend de plus en plus d’importance dans l’espace public de sorte que certains candidats à la présidentielle française se sont emparés du sujet soit pour appeler de leurs vœux à l’émergence d’un monde virtuel européen, soit pour le décrier et pour en pointer les dangers.

Avant d’aller plus loin, il semble important de s’arrêter quelques instants pour définir quelques notions afin que le lecteur se sente à l’aise avec les sujets abordés. Le terme métavers apparaît pour la première fois il y a tout juste 30 ans, en 1992, dans le roman de science-fiction intitulé Le samouraï virtuel et édité par l’auteur américain Neal Stephenson. Dans le roman, toute personne peut se connecter à un univers virtuel en trois dimensions grâce à un équipement spécifique et où les actions virtuelles peuvent avoir des conséquences sur le monde réel. Depuis les années 90, d’autres œuvres cultes comme les films Tron dont la dernière version est sortie en 2010 , Matrix dont le dernier opus est sorti à la fin de l’année 2021 ou encore Ready Player One réalisé par le maître Steven Spielberg sorti en 2018. Toutes ces œuvres explorent aussi la piste des univers virtuels où la réalité se confond parfois avec la fiction.

Dans le monde réel, le métavers connait un coup d’accélérateur au début des années 2020 avec l’apparition de différents continents virtuels dont les quatre acteurs majeurs sont les plateformes Cryptovoxels, Somnium, The Sandbox et Decentraland. Un important coup de projecteur fut donné par Mark Zukerberg, fondateur de Facebook, lui-même lorsqu’il a annoncé à la surprise générale en juillet 2021 que son groupe se ferait désormais appelé Meta pour reprendre les premières syllabes du mot “métavers” et qu’il travaillait actuellement à la création de son propre monde virtuel qui viendrait faire concurrence aux mondes précédemment cités dans les années à venir.

Aujourd’hui, une poignée d’initiés évolue sur ces mondes virtuels et on estime par exemple à 2 millions le nombres d’utilisateurs actifs sur la plateforme française The Sandbox ce qui est encore très loin des 3,5 milliards d’utilisateurs mensuels des plateformes possédées par le groupe Meta à savoir Facebook, Instagram et WhatsApp. Cependant, toutes les projections vont dans le même sens et estiment qu’il y aura des milliards d’utilisateurs d’ici la fin de la décennie.

Avant même que les métavers soient une réalité concrète de la vie quotidienne, se posent des enjeux immenses car cette évolution créée un vertige où la ligne de crête entre équilibre et déséquilibre sera difficile à trouver.

Côté pile, les promesses des métavers sont de rendre beaucoup plus immersives les expériences qui sont déjà existantes sur internet comme la navigation sur les réseaux sociaux, la visioconférence, le shopping ou le divertissement grâce à des équipements spécifiques comme des casques ou des lunettes de réalité virtuelle qui seront bientôt commercialisés à grande échelle par les géants de la tech tels Apple ou Google et donc accessibles pour le grand public. Le métavers a aussi une dimension industrielle avec la numérisation d’infrastructures réelles tels que les réseaux de distribution d’énergie, des usines ou des lieux de stockages truffés de capteurs pour surveiller et optimiser leurs opérations. Une fois numérisées, ces copies numériques permettront de conduire des opérations de maintenance prédictive, de s’assurer que la cadence de la production colle aux capacités précises de chaque site et guider les techniciens lors de leurs interventions sur le site physique.

Dans le même temps, le spectre de l’isolement social et que le virtuel prenne le pas sur la vie dans le monde réel existent. De nombreuses dérives pourraient par ailleurs advenir tel que l’émergence d’un body-shaming virtuel. Cela créerait alors un grand déséquilibre pour le cœur, le corps et le cerveau. Dans son ouvrage Tempête dans le bocal paru en 2022, Bruno Patino poursuit ses réflexions sur notre civilisation numérique et considère que :

A force de trop se concentrer sur la reconstitution alternative du monde, on oublie que la tempête n’est pas qu’extérieure. Elle est aussi en nous. […] Nous avons accueilli le robot au plus profond de nous-mêmes. À l’intérieur, quelque chose se passe, s’empare parfois de nous en provoquant un trouble infini, océanique. L’outil de libération développe notre servitude.

Bruno Patino

Même s’il est légitime de craindre le délitement des êtres et des liens, l’objectif du métavers est d’améliorer la relation entre le monde physique et le monde virtuel qui existe déjà aujourd’hui sans pour autant avoir vu l’avènement d’une société du tout digital. Les auteurs Romuald Leterrier et Jan Kounen considèrent ainsi que le métavers pourrait être un formidable accélérateur de conscience, un outil extraordinaire pour l’explorer, voire pour apporter des éléments de réponse aux grandes questions que le métavers suscite, grâce à cette dimension immersive de l’internet du futur. L’émergence d’avatars qui viendront se développer en tant que nos doubles numériques permettront de concevoir que la conscience n’est pas réduite à rester dans notre corps physique et permettrait ainsi de faire tomber les barrières entre le visible et l’invisible, entre l’état de veille et l’état onirique tout en créant une exposition de la créativité. C’est à souhaiter.

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