Article par Laurence Bibas,
Pionnière de la Mindfulness (réduction du stress par la pleine conscience)
Pourquoi être plus présents ?
Notre présence ne nous appartient pas. À notre insu, nous la laissons voguer entre passé et futur, entre dépassé et anticipé. Le présent, qui est le seul moment que nous puissions vraiment vivre, reste un inconnu, voire un ennemi si nous redoutons ce que nous ne connaissons pas.
Qu’est-ce que le présent ? Où est-il ? Comment l’approcher et le rencontrer ?
Le présent nous tend les bras à chaque instant, mais nous ne le reconnaissons pas.
Engagés dans nos habitudes, à vouloir bien faire et surtout faire plaisir, nous nous sommes perdus de vue. Mais qu’importe, nous pouvons y revenir en un instant si nous le désirons… Maintenant ?
Paradoxalement, la vie vient parfois à notre secours au travers de secousses douloureuses – un événement inattendu, un licenciement, un accident, une maladie, un deuil, une séparation, etc. – qui peuvent être l’occasion de nous décoincer et de nous libérer d’une emprise invisible. Ce remède au goût amer peut provoquer une réaction en chaîne libératrice qui changera notre vision du monde. Traverser une épreuve est toujours difficile mais ce n’est pas la fin du monde, c’est la fin d’un monde.
Sommes-nous prêts pour un nouveau nous ?
Cultiver le point A
Contrairement à ce que l’on pense, apprendre la méditation peut être très déstabilisant, et parfois même pénible, en comparaison de l’idée que l’on pourrait en avoir. Par exemple, si nous nous imaginons que, parce que nous méditons, nous nous sentirons automatiquement plus apaisés, ce préjugé est bientôt remplacé avec surprise par l’ennui, la somnolence et l’agitation que connaîtrons tous les apprentis sages – avant de trouver cela tout à fait normal. « Je me sentais mieux avant » est une phrase que j’entends souvent dans les programmes que j’anime et, à chaque fois, je réponds avec un sourire : « C’est bon signe, ça prouve que votre pratique commence à marcher ! »
Cela permet de dédramatiser la stupeur de remarquer que nous sommes parfois bien plus loin de nous-mêmes que nous ne l’imaginions…
Au début de mon chemin, j’ai eu bien souvent l’impression, et encore parfois aujourd’hui, d’être dans une machine à laver en mode lavage puis rinçage et essorage dans les événements de ma vie. La différence, c’est qu’aujourd’hui, ça dure moins longtemps.
Apprendre à méditer, c’est le B. A. BA pour apprendre à être ; cette démarche répond en effet à d’autres critères que ceux du faire. Le paradoxe et la métaphore sont un moyen d’entrevoir là où nous mène notre méditation, essayons celui-ci :
Le plus court chemin pour aller de A à B, c’est de rester en A.
Cette phrase, qui peut nous sembler incompréhensible, recèle en fait un grand secret qui se dévoilera au fil des pages de mon livre : » Ne s’attendre à rien, être prêt à tout « , il concerne notre capacité à être pleinement présents. Car le plus court chemin pour aller de ce que je veux (B) à ce que je suis (A), c’est d’être déjà là (A). Comment cela ? Si nous considérons A comme notre situation actuelle, incomplète, insatisfaisante, voire douloureuse et B la situation souhaitée, idéale, dans laquelle nous serons enfin la personne que nous souhaitons être, nous allons forcément nous évaluer intérieurement en cultivant un climat intérieur inconscient « pas ok ». C’est mécanique : si nous attendons demain pour être satisfaits, c’est que nous ne le sommes pas encore aujourd’hui, n’est-ce pas ?
La pratique de la pleine conscience va nous aider à être présents à ce qui est déjà là (A) et ne pas chercher à être ailleurs (B), même si c’est ce que l’on souhaite le plus au monde ! Alors que les pensées ou les sensations désagréables nous assaillent pendant la pratique, nous allons en prendre conscience et juste revenir à notre respiration par exemple. Nous n’en avons pas l’habitude et au début, cela va nous demander un effort de retourner à notre pratique délibérément et avec engagement. Pour revenir là où nous avons décidé d’être sur le moment, nous nous concentrons par exemple sur notre respiration, nos sensations ou les sons qui nous entourent, en agissant avec bienveillance, sans jugement de valeur et avec fermeté si nécessaire. Nous allons cultiver le point A, le moment présent et peut-être que le point B qui se présentera sera une bonne surprise qui révèlera nos vrais talents plutôt que nos idéaux ?
Le présent est par définition inédit, il n’y a pas deux moments présents identiques. Lorsque nous cultivons le présent, cela crée une brèche dans la continuité perçue de nos expériences comme une torche que l’on fait tourner si vite que cela donne l’illusion d’un cercle. Le présent, par sa qualité pleine, nous fait sortir du temps et des attentes. L’invitation est donc de cultiver l’instant présent pour découvrir de nouveaux chemins.
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